mardi 2 octobre 2012

RTBF : (ré)agir maintenant (pour 5 ans) !

Jacques Liesenborghs, ancien sénateur, ancien vice-président de la RTBF, s'exprime sur l'élaboration du Contrat de Gestion de la RTBF, actuellement en phase finale d'écriture.

Il nous reste quelques jours !

C’est dans les prochaines semaines (juste après les élections communales) que se finalisera le contrat de gestion qui lie la RTBF et la Fédération Wallonie-Bruxelles. C’est au niveau du « kern » que cela va se décider. Et on sera reparti pour cinq ans !

Est-ce que nous allons accepter un contrat qui laisse la RTBF (service public ?) libre pendant cinq ans de continuer à investir massivement et prioritairement dans les divertissements en tous genres et dans les sports ?

Est-ce que nous allons accepter que, au long des cinq prochaines années, ce soient des émissions du genre « On n’est pas rentré », « The voice », Grands prix de Formule1, qui constituent les émissions phares et les mieux promues des chaines « publiques » ?

Est-ce que nous allons accepter que, chaque semaine, l’émission magazine la plus longue « analyse » pendant deux heures les moindres faits et gestes, déclarations, rumeurs, états d’âme… des « vedettes » de notre si relevé championnat de football, la Jupiler Pro League ? Pendant cinq ans encore ?

Est-ce que nous allons accepter que, durant la même période, aucun magazine régulier ne soit consacré à des questions aussi cruciales que les relations Nord-Sud ou l’éducation ?

Est-ce que nous pouvons tolérer que le directeur de la télévision de service public (?) écrive : « Toutes les expériences télévisuelles montrent que coller une étiquette ‘culture’ ou ‘éducation’ sur un programme provoque irrémédiablement une fuite du public ». Ce Monsieur Tron est français et il est contredit chaque jour par les chaines publiques françaises ! Ses diktats feront-ils encore la loi pendant cinq ans ?

Est-ce que nous pouvons continuer à supporter, pendant cinq ans, que la « faitdiversification » envahisse les plages d’information des radios et des télévisions ? Que la surenchère et l’emballement médiatique contaminent les esprits, comme ce fut encore le cas récemment avec l’affaire Martin ? Où est la différence avec le privé ?

Est-ce que nous allons rester passifs et béats d’admiration devant le spectacle de la glorification/sanctification des Philippe Gilbert et autres sportifs-déserteurs fiscaux qui jouissent de plages sans mesure sur les chaines « publiques », mais refusent la solidarité et la contribution au pot commun ?

Est-ce que nous allons encore supporter sans broncher, pendant cinq années importantes, les empoignades « politiques » du dimanche où le grand art consiste à ne pas écouter l’autre, à bien placer sa petite phrase assassine et à confirmer que seuls les tueurs ont leur place dans cette arène ?

Est-ce que nous allons continuer à accepter que la RTBF (service public ?) range dans le rayon « éducation permanente » des magazines comme « C’est du belge », « On n’est pas pigeons » ou des talk show plus légers les uns que les autres ?

Et qu’elle prétende remplir ses obligations en la matière : « L’analyse critique de la société, la stimulation d’initiatives démocratiques et collectives, le développement de la citoyenneté active et l’exercice des droits sociaux, culturels, environnementaux et économiques dans une perspective d’émancipation individuelle et collective des publics…. ».

Il ne nous reste que quelques jours pour dire haut et fort notre refus de voir le service public contribuer à décerveler les citoyens en leur offrant plus que tout du « pain et des jeux » aux heures de grande écoute.
Pour dire que nous voulons des magazines réguliers en « premier rideau », en radio et en télévision, sur des questions cruciales comme l’éducation et les rapports Nord-Sud.

Pour réclamer une information moins spectaculaire et plus en profondeur.
Pour exiger que le service public sorte de la course à l’audience et privilégie une approche citoyenne et non marchande.

Le dire, l’écrire et le répéter à nos ministres et à leurs proches collaborateurs, puisque dans les jours qui viennent c’est eux qui vont décider de l’avenir de l’audiovisuel de service public.

Pour le meilleur et pour le pire. Et pour cinq ans !

Source : http://blogs.politique.eu.org/RTBF-re-agir-maintenant-pour-5-ans