Dans le cadre de l'élaboration du prochain Contrat de Gestion de la RTBF, nous avions demandé à être auditionnés par les parlementaires de la Commission de la Culture, de l'Audiovisuel, de l'Aide à la presse, du Cinéma, de la Santé et de l'Egalité des chances du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Cette demande faisait suite à divers encouragements, tant de la part de personnalités politiques que du milieu associatif et citoyen.
Il nous a été répondu que le planning des auditions dans le cadre de ces travaux était particulièrement serré et que nous ne pourrions être auditionnés.
Par contre, nous avons été sollicités pour apporter une contribution écrite à la Commission.
Voici le contenu de ce cahier d'observations et recommandations. Il ne se veut pas exhaustif mais reprend les thèmes qui nous ont le plus interpellés ces derniers mois.
Bonne lecture.
Cette demande faisait suite à divers encouragements, tant de la part de personnalités politiques que du milieu associatif et citoyen.
Il nous a été répondu que le planning des auditions dans le cadre de ces travaux était particulièrement serré et que nous ne pourrions être auditionnés.
Par contre, nous avons été sollicités pour apporter une contribution écrite à la Commission.
Voici le contenu de ce cahier d'observations et recommandations. Il ne se veut pas exhaustif mais reprend les thèmes qui nous ont le plus interpellés ces derniers mois.
Bonne lecture.
Contrat de Gestion de la RTBF - 2013-2017
Commission de la Culture, de l'Audiovisuel, de l'Aide à la presse, du Cinéma, de la Santé et de l'Egalité des chances,
Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles,
Mesdames, Messieurs,
Nous vous remercions pour votre invitation.
Le collectif « RTBF89 », qui
regroupe des téléspectateurs et auditeurs de la RTBF attentifs et soucieux de
la spécificité du service public, s’est constitué il y a environ un an et demi,
à la faveur de l’émergence des réseaux sociaux. Il regroupe à ce jour plus de
300 membres sur sa page Facebook.
Des discussions presque quotidiennes sur les programmes de la RTBF, la
manière de les traiter, tant sur la forme que sur le fond, les missions du
service public et son évolution au fil du temps, nous ont amenés à faire des
constats qui, bien souvent, rejoignent ceux que l’on peut lire, tantôt de la
part d’observateurs extérieurs des médias, tantôt d’anciens de la profession dont la parole s’est
libérée, et qui nous confortent dans notre analyse.
Le premier constat qui s’impose, celui dont on pourrait dire qu’il est
« plébiscité » à mauvais escient, est celui de la présence de la
publicité, de plus en plus ressentie comme une nuisance et une agression. Pour
certains même, un repoussoir envers le produit vanté.
- RTBF89 a cosigné avec le Conseil de la Jeunesse et d’autres associations, un projet
de « mercredis sans publicité » développant les raisons de cette
proposition et suggérant des pistes de financement alternatif. Il n’en est
donc fait mention ici que pour mémoire, mais aussi pour souligner à quel
point cette présence publicitaire a modifié le paysage médiatique, dans le
sens d’une perte indéniable en termes de qualité.
Le passage progressif au placement de produits, s’il paraît moins intrusif, ne nous rassure pas davantage : nous souhaitons à cet égard que la Fédération Wallonie-Bruxelles fasse preuve d’une plus grande cohérence au sein même de son Institution et par rapport aux objectifs qu’elle poursuit. Comment, en effet, justifier et crédibiliser telle démarche visant à interdire les boissons sucrées dans les écoles quand, par ailleurs, une émission destinée à un jeune public est précisément sponsorisée par la plus célèbre de ces boissons, continuellement visible dans l’un ou l’autre coin de l’écran ?
De là à conclure que l’école est définitivement le lieu de la frustration et des interdits et la télévision celui où tout est permis, sinon encouragé, il n’y a qu’un pas que le jeune public ne manquera pas de franchir.
On le voit, cette question ne concerne pas les seuls professionnels des médias et ne commence ni ne s’arrête avec la négociation du Contrat de Gestion. Nous invitons nos représentants à se pencher sur le « problème » (car c’en est un) de la publicité, non pas en termes de manne providentielle pour gonfler la dotation de la RTBF, mais en termes de société et de valeurs que les missions du service public sont supposées défendre, Contrat de Gestion à l’appui.
- RTBF89 s’est penché sur le contenu et la formulation du
Contrat de Gestion 2007-2012. Nous avons été frappés de la répétition de
la formule : « dans la mesure du possible » qui revient pas
moins de 14 fois sur un total de 42 pages aérées, et le plus souvent dans
le corps principal d’un article, rarement dans les alinéas. Nous nous
interrogeons sur la crédibilité et le poids que peut avoir un contrat dès
l’instant que ses objectifs sont constamment édulcorés, sinon annihilés par une
formule qui transforme un document de référence, censé définir un cadre et
des buts vers lesquels tendre, en un catalogue de bonnes intentions.
Nous demandons par conséquent que soit supprimée la formule « dans la mesure du possible » du prochain Contrat de Gestion et que celui-ci comporte désormais des engagements précis et mesurables.
- RTBF89 déplore le manque de visibilité systématique des
émissions de médiation : en télévision, l’an dernier, c’était un jour
de semaine à 15 heures ; actuellement, c’est le vendredi à 22h50.
Nous ignorons quel jour et à quelle heure l’émission consacrée à la
médiation en radio est diffusée (comme le prévoit l’Art. 24 du Contrat de
Gestion : « La RTBF, tant en radio qu’en
télévision… »). Nous demandons
des horaires de diffusion conformes aux buts recherchés par une émission
de médiation à savoir, d’aller à la rencontre du public et être à son
écoute, et non de donner l’impression d’éviter de croiser son regard et
surtout, son jugement. Le choix du direct paraît également naturel à ce
type d’émission, ce qui n’est pas le cas de la formule actuelle qui ne
permet en rien de se faire une idée réelle des aspirations ou des sujets
de mécontentements du public, étrangement absent du décor ou trié sur le
volet. Nous avons remarqué que
certains intervenants présentés comme de simples téléspectateurs étaient
stagiaires à la RTBF.
Par ailleurs, RTBF89 se prononce en faveur de l'externalisation du service de médiation afin qu'il ne s'apparente pas à la seule fonction de porte-parole des décisions prises en son sein mais soit un réel outil de dialogue entre la RTBF et ses auditeurs/téléspectateurs, où la voix de chacune des parties en présence serait également prise en considération. La situation actuelle n'arrive pas à ce nécessaire équilibre, tant dans les émissions télévisées que dans les réponses aux plaintes par courrier.
- RTBF89 souhaite également attirer l’attention sur le baromètre de la
représentativité de différentes catégories de la société dans l’ensemble
des émissions diffusées par les télévisions locales, RTL-TVI et RTBF,
publié par le CSA (28 mars 2012). Il montre :
- Une sous-représentation des femmes (33,50 %) ;
- Une sous-représentation des intervenants identifiés comme non-blancs (13,96 %) ;
- Une prépondérance des catégories socio-professionnelles supérieures (46,99 % !), montrées dans des fonctions prestigieuses ;
- Une sous-représentation des catégories socio-professionnelles moyennes ou faibles, ces dernières accompagnées d’une image peu valorisante ;
- Place des handicapés hors actions de bienfaisance : 0,30% (!)
- D’un point de vue plus global, RTBF89 déplore la montée en
puissance, à la RTBF, de la conception d’une télévision « de
divertissement passif », lorgnant dangereusement sur la concurrence
privée. Dangereusement, parce que le public à la
recherche de divertissement passif préfère toujours l’original à la copie,
tandis que ceux qui attendent du service public qu’il fasse « du service
public » se fatiguent et, de guerre lasse, finissent par s'en détourner au
profit de la concurrence ou simplement d'une autre activité (*).
Sur le plan du traitement de l’information, l’explosion de l’internet et des réseaux sociaux doivent pousser les médias traditionnels à se remettre en question.
En mars 2011, lors des grands changements de décors et d’horaires des infos en télévision, les téléspectateurs avaient majoritairement émis le souhait (Emission Mediatic du 14 mars) que les journaux consacrent moins de temps aux faits divers et plus de temps aux analyses. Peu de changements significatifs ont été observés en ce sens. La tendance actuelle des médias traditionnels - et pas seulement la RTBF - les pousse à tenter de suivre le rythme de l’Internet, avec le risque permanent de déraper ou d’en faire beaucoup trop. Il nous semble, tout au contraire, que leur seule chance de survie, qu’il s’agisse de la radio, de la télévision ou de la presse écrite, est précisément de développer une autre manière d’informer que celle de l’immédiateté, une autre conception de l’info davantage basée sur le recul et l’analyse que réclamaient justement les téléspectateurs en mars 2011.
- En marge de cette réflexion, mais sans lien direct avec le Contrat de Gestion, RTBF89 s’est posé la question de l’opportunité d’avoir à la tête de la RTBF un Administrateur délégué qui soit, dans le même temps, Président du Conseil d’Administration de la Régie Média Belge, interface entre les annonceurs publicitaires et la RTBF. Nous tenions à faire part ici du réel malaise qui existe à ce sujet chez le public qui s’intéresse un tant soit peu au fonctionnement des médias.
- Notre dernier
constat débouche sur une proposition. Nous avons relevé plus haut les
nombreuses utilisations de la formule « dans la mesure du
possible ». Nous constatons également que si tous les cinq ans, il
est discuté de ce que sera le prochain Contrat de Gestion, il n’est en
revanche toujours pas prévu de faire le bilan de la période écoulée.
RTBF89 suggère que soit introduite la notion de résultat dans le prochain contrat, avec une évaluation où seraient entendus les mêmes acteurs que lors de l’élaboration du contrat de gestion et qui aurait lieu à la moitié du terme de celui-ci, soit au bout de deux ans et demi.
Dans la même optique, RTBF89 propose ou soutient toute proposition allant dans le sens d'une participation de représentants de la société civile aux décisions du Conseil d'Administration de la RTBF. En tant que citoyens, il nous paraît légitime que la transparence soit l'une des composantes naturelles lorsqu'il s'agit des Institutions démocratiques. Il nous paraît tout aussi légitime que cette transparence s'exerce également dans le cadre d'une entreprise de service public qui s'invite tous les jours dans nos vies, par petit écran ou radio interposés.
Pour le collectif
RTBF89,
Isabelle Marchal
Eric Pecher
Catherine Godart
Philippe Walraff
Contact: rtbfblog@gmail.com
Blog: rtbf89.blogspot.be
Groupe Facebook: www.facebook.com/groups/rtbf89/
-----------------------------------------
(*) Ce qui, en soi, n'est pas un mal.
Isabelle Marchal
Eric Pecher
Catherine Godart
Philippe Walraff
Contact: rtbfblog@gmail.com
Blog: rtbf89.blogspot.be
Groupe Facebook: www.facebook.com/groups/rtbf89/
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(*) Ce qui, en soi, n'est pas un mal.
Excellente analyse et beaucoup de bonnes idées ! J'espère que vous serez lus et entendus...
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