jeudi 28 avril 2011

29 avril 2011 : Journée planétaire de l'Education permanente...

L'Education permanente vise "l'analyse critique de la société, la stimulation d' initiatives démocratiques et collectives, le développement de la citoyenneté active et l'exercice des droits sociaux, culturels, environnementaux, et économiques dans une perspective d'émancipation individuelle et collective des publics en privilégiant la participation active des publics visés et l'expression culturelle".



Forte de ce Décret, c'est tout naturellement que la RTBF, ayant à coeur de respecter ses missions de service public et les quotas qui y sont liés, n'a pas hésité une seconde à classer dans la catégorie "Education permanente" l'émission "C'est du belge", dont on rappellera le propos tel qu'on peut le lire sur le site de la RTBF :


«De la noblesse de sang à la noblesse de coeur, de la fierté nationale au rayonnement international, de la monarchie aux nouveaux anoblis, d’institutions en patrimoine, de commémorations en événements mondains, de surprises en émotions, de rêves en évasions, C’est du Belge, c’est unique. C’est du Belge, le magazine de l’excellence belge.
Avec comme point d’ancrage un événement lié à l’actualité des membres de la famille royale belge considérés comme les meilleurs ambassadeurs de la culture et du savoir-faire de la Belgique


On le voit : l'analyse critique, le développement de la citoyenneté active, la perspective d'émancipation individuelle et collective sautent immédiatement aux yeux ! Demain, nous sommes d'ailleurs chaleureusement conviés à une Grand Messe de l'Education permanente à l'échelle planétaire !
Vous savez qui et qui... se diront vous savez quoi... ♥♥♥
L'événement - dont on nous rebat les oreilles depuis "un certain temps" maintenant - n'est pas sitôt commencé qu'on a déjà les résultats de l'audimat : 2 milliards d'individus développeront demain leur esprit critique dans une perspective d'émancipation individuelle et collective.

Et dire qu'il va encore se trouver des esprits chagrins pour critiquer cette image d'un bonheur simple et attendrissant... Les gens ne sont décidément jamais contents !

Je vous laisse, je vais repasser ma robe (après mûre réflexion, j'ai choisi la verte) et vernir mes souliers à talons hauts. C'est que, demain, je tiens absolument à être à la hauteur de l'événement !

Au fait...
Je me suis trompée dans mon titre : Ce 29 avril, c'est la Journée planétaire sans télé !

samedi 16 avril 2011

RTBF : L'être ou le néant (Février 2005)




Voici un article de la Libre Belgique datant de Février 2005, mais toujours tellement actuel !


Dilemme «Politique» pour la RTBF
Pierre-François Lovens Mis en ligne le 10/02/2005



Acteurs, professeurs ou observateurs: ils sont une dizaine à épingler les mauvais choix de la RTBF. Dans un dossier sans langue de bois, qui tombe à pic, la revue «Politique» dresse un état des lieux interpellant. Mais tout reste possible...

L'être ou le néant. Etre soi-même ou disparaître. Dès les premières lignes, le ton est donné. En une trentaine de pages, la revue «Politique» consacre un vaste dossier collectif à la RTBF, dont «La Libre» a pu prendre connaissance. Un dossier sous forme de réquisitoire mais aussi, comme on le lira en pages «Débats», un plaidoyer pour une radio-télévision publique osant jouer la carte de la différence.

Alors que la RTBF traverse depuis deux semaines une crise identitaire, marquée par des grèves à répétition, la nouvelle livraison de «Politique» tombe à point nommé pour alimenter un indispensable débat - fort timide jusqu'ici - sur la raison d'être d'une institution culturelle incontournable en Communauté française.

La teneur des contributions et la personnalité des auteurs ne manqueront pas d'irriter la direction de la RTBF tant le diagnostic apparaît critique. Mais l'ambition est bien de susciter le débat, au sein de la RTBF comme à l'extérieur.

Politique de l'étourneau

Être soi-même ou disparaître, résume d'emblée Hugues Le Paige (ex-RTBF). «L'imitation ou la différence? C'est l'enjeu des prochains mois». Se référant au «qualimat» réalisé récemment par la RTBF (et dont la direction garde les résultats secrets), Hugues Le Paige note que «les téléspectateurs ne reconnaissent plus la RTBF pour ce qu'elle devrait être: ce n'est plus une télévision culturelle, intelligente, dérangeante, drôle». La une, en particulier, n'est plus identifiée comme la chaîne publique de référence. Et l'auteur de conclure: «Aujourd'hui, la RTBF présente encore des différences mais elle ne fait plus la différence».

Jean-François Bastin (ex-RTBF) poursuit le constat en dénonçant, dans le contexte du plan de restructuration «Magellan», l'absence d'un projet de télévision de service public pour le grand public. «Tous les efforts de renouveau se sont centrés sur les moyens, les formes, les apparences, rien sur les objectifs. Tout sur le comment, rien sur le pourquoi». Il compare la stratégie de la hiérarchie, mise en place à partir de 2002 avec l'arrivée de Jean-Paul Philippot, à une «politique de l'étourneau, cette course affolée, sans queue ni tête, vers tout ce qui bouge et se dérobe».

S'il reconnaît certaines vertus au plan Magellan, Jean-Jacques Jespers, (jeune) retraité lui aussi de Reyers, craint que ledit plan ne fasse disparaître un certain esprit de service public (au profit du divertissement et du cocooning) et ne se transforme en «dérapage incontrôlé» sans la mise en place de garde-fous. M.Jespers constate qu'avec Magellan, les missions socioculturelles de l'entreprise publique sont affichées comme des contraintes, «handicapantes comme le seraient les normes environnementales pour une industrie polluante» ! Le risque majeur de cette mutation copernicienne, conclut l'ex-journaliste, est que le citoyen reconnaisse de moins en moins «son» service public, à l'image déjà écornée, et se pose la question de sa spécificité, donc de la nécessité de le financer avec des fonds publics.

Maux divers

D'autres contributions abordent des questions plus spécifiques au fonctionnement interne de la RTBF, comme «l'éternelle politisation» (par Jean-François Dumont), la précarité croissante des journalistes (Marc Molitor), la mise sous tutelle des administrateurs (Jacques Liesenborghs) ou encore les effets à retardement du plan Magellan sur l'offre de la RTBF (André Menu). Dur, dur...

Télécharger le dossier de 36 pages :partage pdf: RTBF L'Etre ou le Néant - Revue Politique n°38 - Fév 2005.pdf